Une technologie au service de la sobriété… à certaines conditions
Depuis quelques années, les réseaux de chaleur se sont positionnés comme un élément clé de la décarbonation de l’approvisionnement énergétique des villes. Ils font l’objet d’un intérêt accru en partie dû au contexte énergétique récent car ils peuvent s’affranchir de la dépendance au gaz.
Les réseaux, dits de 5ième génération notamment, présentent de nombreux avantages et permettent de produire à la fois du chaud et du froid. Ils favorisent une gestion plus “intelligente” de l’énergie grâce à des systèmes de pilotage basés sur la demande et une production de chaud et de froid plus adaptée aux besoins (ex : réseau basse température pour les besoins de chauffage). Ces optimisations mettent à profit les besoins et les “rejets” de différents bâtiments (logements, tertiaire, data center, …) et offrent des possibilités de stockage grâce à un fonctionnement sous forme de boucle énergétique. Ces réseaux ont la particularité de combiner plusieurs sources d’énergies, s’appuyant généralement sur une source locale principale (géothermie minière, thalassothermie,…) et mettant à profit les énergies “fatales” (eaux usées, data center, …).
Les réseaux de chaleur trouvent tout leur intérêt dans les milieux urbains denses, notamment pour l’alimentation de bâtiments de logements collectifs. Avec un taux d’énergie renouvelable élevé, ils peuvent permettre de réduire largement l’impact carbone associé à la production de chaleur. Plusieurs solutions existent quand il s’agit de verdir la source de ces réseaux. Le choix de la biomasse est de plus en plus courant mais fait peser une charge importante sur la filière bois, qui peut notamment entrer en concurrence avec le bois de construction.
Le point de vigilance principal porte sur la performance énergétique des bâtiments raccordés à ces réseaux. Ceux-ci doivent répondre à des exigences fortes en matière de basse consommation, tant au niveau du chauffage, de l’eau chaude sanitaire et du rafraîchissement pour que le réseau soit lui-même performant, en minimisant très fortement le besoin d’entrants énergétiques externes.
À l’occasion de l’aménagement du quartier de Ferney-Voltaire, une réflexion énergétique ambitieuse a été mise en œuvre. Elle repose sur la création d’un réseau d’énergie qui permet les échanges d’énergie entre les bâtiments, la collectant là où elle est produite (chaleur fatale des activités économiques, de datacenter, du Cern…) pour la redistribuer là où elle est nécessaire, avec des systèmes de stockage (par géothermie notamment). Terrinnov vise ainsi un approvisionnement du quartier 100 % renouvelable et sans émissions carbone au fonctionnement, le tout piloté par une smartgrid. Afin de réduire au maximum les besoins à pourvoir, la création de ce réseau doit être couplée à un niveau élevé de performance énergétique, qui est assuré par le label Minergie.
Écologie Urbaine & Citoyenne, avec l’équipe de maîtrise d’œuvre urbaine menée par Obras, élabore la stratégie bas carbone du nouveau quartier de Ferney Voltaire en calculant les émissions carbone afin d’optimiser les performances du quartier tant au niveau des formes urbaines et architecturales, du système énergétique, de la performance des bâtiments, des choix de matériaux, de la mobilité, etc..
Le développement de réseaux de chaleur et de froid, alimentés en énergies renouvelables, est un levier de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ils constituent une solution économique et écologique aux problématiques actuelles de l’aménagement, grâce notamment à un impact étendu à l’échelle d’une ville ou d’un quartier.
Les nombreux avantages de ces réseaux ne doivent cependant pas occulter les principaux leviers de la transition énergétique à mettre en œuvre dans les politiques d’aménagement. Sobriété et efficacité doivent rester les maîtres mots.