Agriculture urbaine : une singularité porteuse de solutions

Pour assouvir notre besoin vital de nourriture, nous avons besoin d’espace : l’étude « Empreinte Sol-énergie-GES de l’alimentation » de l’Ademe menée en 2020 estimait la surface nécessaire pour chaque Français entre 1300 m² et 6000 m² (selon le degré de consommation de protéines animales). 

Si de telles surfaces peuvent s’imaginer en milieu rural, elles posent rapidement des difficultés en milieu urbain. En effet, l’existence même des villes présuppose un système d’approvisionnement d’autant plus étalé dans l’espace qu’elles sont importantes. Le transport de ces denrées occasionne une dégradation de l’environnement : artificialisation des sols par les infrastructures de transport, émission des véhicules… sans compter les contributions de l’agriculture elle-même, plus ou moins durable selon le type de système de production. 

Faire face aux enjeux du changement climatique nécessite une modification profonde à la fois des systèmes de production et des réseaux d’approvisionnement des villes. 

Afin de d’accompagner ce changement et de garantir son caractère le plus durable possible, Écologie Urbaine & Citoyenne s’intéresse à une catégorie particulière d’interface ville/agriculture : celle de l’agriculture urbaine et périurbaine.

L’agriculture urbaine, un modèle riche d’opportunités

L’agriculture urbaine est une activité de production agricole (alimentaire ou non alimentaire) réalisée en contexte urbain ou sur ses franges. Sa spécificité réside dans les intéractions entre la ville et le système agricole. En effet, l’agriculture urbaine remplit des fonctions bien plus larges qu’une exploitation agricole “classique” par son interaction avec le milieu urbain :

  • Elle incarne une dimension sociale, en informant les consommateurs, en les sensibilisant aux enjeux de l’alimentation pour la transition écologique, en mobilisant un collectif autour de ce travail voire de l’insertion professionnelle.
  • Elle est un atout pour la nature en ville en préservant des sols de l’imperméabilisation, en limitant l’empreinte carbone des aliments et en permettant un développement de la biodiversité lorsqu’elle est pensée en ce sens.
  • La proximité induit souvent un prix plus juste par la réduction des intermédiaires, de meilleurs produits non contraints par de longs transports, voire une sécurité alimentaire qu’incarne les potagers pour les publics défavorisés.

Les enjeux de l’agriculture urbaine résident dans une approche plus écologique, la création de nouveaux liens sociaux et de vecteurs de changement avec les populations qui en ont le plus besoin, et la mise en place de modèles économiques plus justes pour les différents partis.

Aborder la question de l’agriculture urbaine à différentes échelles

En tant que composante du territoire, l’agriculture urbaine s’inscrit dans des projets aux échelles variées. Sa position à la frontière entre des milieux différents induit des problématiques spécifiques à intégrer dans la conduite de projets.

  • Les stratégies territoriales portant sur l’agriculture et l’alimentation intègrent aujourd’hui de plus en plus l’agriculture urbaine (comme les PAT – Projets Alimentaires Territoriaux). Les diagnostics de territoire, surtout s’ils concernent une agglomération importante, valorisent les exploitations dans et au pourtour du tissu urbain, via les filières et circuits courts. Le travail de notre agence repose aussi sur le développement de partenariats entre les acteurs du territoire, sur l’élaboration d’une culture commune au sein de laquelle l’agriculture urbaine est amenée à trouver sa place. Sa prise en considération dans le système d’approvisionnement s’accompagne souvent de réflexions innovantes qui nourrissent le projet et stimulent les participants.
  • Au sein des projets d’aménagement, l’agriculture urbaine ne doit jamais être imposée de fait mais l’opportunité doit être étudiée à partir du site considéré et du territoire dans lequel il s’inscrit. Notre rôle est ici d’estimer les besoins et les avantages qu’offre le secteur d’aménagement, et de devenir l’interface entre les différents acteurs impliqués, notamment les élus et leur projet politique. Cette position facilite l’intégration de l’agriculture urbaine et le croisement entre les différentes problématiques en jeu. Sur ce dernier point, le principal sujet concerne la dimension écologique de l’exploitation et du site pour s’assurer d’une véritable synergie bénéfique pour la biodiversité.
  • La dimension sociale de l’agriculture urbaine se prête bien aux projets d’intelligence collective. La concertation est un excellent moyen de créer un groupe soudé capable de gérer un projet d’agriculture urbaine qui répondrait à leurs besoins. Cette thématique est aussi un vecteur de sensibilisation et de pédagogie efficace pour les populations en milieu urbain, à travers des animations pensées pour en retirer tous les avantages, comme réinterroger les pratiques alimentaires par exemple.
Grande journée inter-acteurs du PAAM Projet Agricole et Alimentaire de Toulouse Métropole
 

L’accompagnement des acteurs de projets est au cœur des missions intégrant l’agriculture urbaine. Nous nous entourons d’experts spécialisés dans différentes facettes du sujet pour apporter les solutions les plus pertinentes et efficaces. Afin d’assurer un suivi et une certaine mesure des projets, nous avons également mis en place un référentiel d’indicateurs clés pour les différentes étapes des filières de l’alimentation : production, distribution, consommation. Ils permettent de disposer de repères dans le but de faire émerger collectivement des solutions d’agriculture urbaine durables.

Écologie Urbaine & Citoyenne travaille sur des projets qui visent à promouvoir et à interroger la viabilité de l’agriculture urbaine à l’échelle des territoires et des quartiers. C’est par exemple le cas dans le cadre de la définition des stratégies agricoles et alimentaires des métropoles de Toulouse et Bordeaux avec l’animation d’un réseau d’acteurs pour définir les objectifs et partager le plan d’action. Nous animons également le premier Multi PAT (programme alimentaire territorial) entre l’aménageur EpaMarne-EpaFrance et 3 communautés d’agglomérations afin de coordonner les plans d’actions et mutualiser les moyens, et nous poussons ces sujets jusqu’à l’échelle de l’aménagement par des préconisation ou en conception.

2 Points