En route vers la décarbonation de l’aménagement ?

Comme toute filière émettrice de gaz à effet de serre, le secteur de l’aménagement a dû, d’après la loi Climat et Résilience, produire une feuille de route de décarbonation en vue de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC).

À la lecture, les objectifs sont ambitieux et à la hauteur des enjeux : orienter l’acte d’aménager vers la transformation de l’existant, valoriser significativement les émissions carbone évitées et former tous les acteurs.

Le secteur de l’aménagement est très émissif en carbone. L’ensemble de la chaîne de valeur de l’aménagement émet 340 Mt de CO2eq, la majorité de ces émissions sont induites par les usages. Ce qui veut dire que lorsque l’on conçoit un aménagement, il faut non seulement être très vigilant aux émissions dues à la conception et réalisation de ce quartier, mais également à la manière dont les usagers vont pouvoir vivre plus sobrement dans leur nouveau cadre de vie.

Alors, que faut-il faire en priorité ? La feuille de route propose 6 leviers et certaines actions nous mobilisent particulièrement chez Écologie Urbaine & Citoyenne.

  • Connaître, quantifier, spatialiser les émissions de CO2. Nous utilisons déjà Urban Print et pensons qu’il doit être plus largement diffusé auprès des aménageurs tout en étant vigilant aux échelles de comptabilité carbone.
  • Optimiser l’usage des secteurs déjà urbanisés et favoriser le renouvellement urbain. Les maîtres d’ouvrage doivent accélérer la large panoplie d’actions en faveur de la sobriété foncière et du renouvellement urbain tant à l’échelle territoriale, qu’à celle de l’aménagement ou des bâtiments. Nous sommes très présents sur ces sujets et prêts à les faire progresser.
  • Être moins et mieux mobile. Le sujet de la mobilité, essentiel dans les bilans carbone des opérations d’aménagement, est encore trop peu pris en compte par les collectivités et les maîtres d’ouvrage alors qu’il nécessite des actions fortes dont, en plus, les co-bénéfices sont très importants (apaisement, îlots de fraîcheur, santé, etc.). Nous sommes convaincus qu’un véritable changement de culture doit s’opérer sur ce sujet.
  • Anticiper la gestion décarbonée. Étant donné le poids carbone de la vie quotidienne des quartiers que nous concevons et réalisons, il est indispensable de mobiliser les services et les publics qui géreront, utiliserons et habiteront ces lieux de vie. La concertation avec ces publics, dès la conception de ceux-ci, est indispensable. Pour nous, ce doit être dans l’ADN même de l’urbanisme.

Nous expérimentons des stratégies opérationnelles de décarbonation auprès de plusieurs maîtres d’ouvrage avec des méthodes et des outils innovants et surtout avec beaucoup de volonté et de conviction mais il est nécessaire d’opérer une véritable accélération que seuls les décideurs publics peuvent porter. Élus, Directeurs, Chefs de projet, plus nous serons nombreux à engager la décarbonation de l’aménagement, plus vite nous avancerons.

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