Des villes résilientes face à l’augmentation des températures

De la légèreté estivale à l’été meurtrier

 

Le phénomène d‘îlot de chaleur urbain est défini par l’augmentation de températures en ville par rapport à la périphérie et les zones rurales avec une limitation de la fraîcheur nocturne. Il est lié à trois paramètres : les formes urbaines, les caractéristiques des surfaces (matérialité), les activités anthropiques.

Ce phénomène va se démultiplier dans les prochaines années dû à la crise climatique entraînant l’augmentation des températures, l’intensification des aléas climatiques, baisse de pluviométrie, sécheresse des sols. Ces phénomènes climatiques localisés d’îlot de chaleur ont un triple impact. D’abord sur le confort des habitants et notamment sur la santé des plus vulnérables (la mortalité lors de la canicule de 2003 était plus importantes en ville), sur la biodiversité et la capacité du végétal à jouer son rôle rafraîchissant lorsqu’il y a de la végétation mais également sur l’attractivité des espaces que les citoyens fuient lorsque les chaleurs se font trop fortes.

 

Ces quelques degrés d’écarts peuvent ainsi avoir un impact sur le choix d’itinéraires ou de magasins pour chercher le confort et garantir son intégrité physique lorsque les capacités de déplacement sont déjà réduites ou encore l’impossibilité de sortir jouer dehors pour des enfants dans des cours d’écoles en surchauffe.

 

Afin de caractériser les îlots de chaleur nous avons développé une méthodologie multicritère et multiscalaire. Cette méthode se base sur une analyse quantitative par récupération de données satellites et des fichiers de Météo France avec une analyse qualitative des formes urbaines mais également sensible (expertise des habitants).

Nous accompagnons au titre d’experts ICU la Banque des Territoires avec Espelia et Biotope, via Action Cœur de Villes et Petite Ville de Demain, une quinzaine de villes dans l’objectif de caractériser les îlots de chaleur, prioriser l’intervention et la rendre réplicable par typologie de site. Nous concevons également des solutions d’aménagement fondées sur la nature en respectant l’existant. Chaque aménagement est pensé en fonction des contraintes pour devenir un îlot de fraîcheur prenant en compte les co-bénéfices de l’aménagement.

 

Aujourd’hui, il existe plusieurs méthodes de caractérisation des îlots de chaleur et d’évaluation des solutions  (télédétection, modélisation, fichiers météo, etc.). C’est pourquoi nous participons au programme ISSU (Innovations et Solutions pour lutter contre la Surchauffe Urbaine) coordonné par l’INDURA et administré par l’IREX qui a pour but de proposer des méthodes communes de caractérisation, d’évaluation et de comparaison des solutions, en ayant une vision globale et intégrée de leurs impacts sur les différents enjeux urbains.

Nous préconisons de conserver une approche urbaine, écologique et multicritère afin de comprendre l’ensemble des impacts des solutions d’aménagement pour lutter contre l’îlot de chaleur en donnant la part belle à la biodiversité, à la gestion de l’eau dans les espaces végétalisés tout en limitant le carbone émis par l’aménagement.

 

Faire des villes des lieux résilients, c’est en partie lutter contre les îlots de chaleur grâce à des actions multicritères, avec des aménagements capables d’endosser plusieurs rôles et de répondre à de multiples usages. Nous sommes au début d’une démarche capable de transformer la ville et de créer des espaces refuge mais pour cela, il est nécessaire de conserver une vision éco-systémique en pensant la conception urbaine, les techniques et les usages dans un ensemble.

 

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