L’eau dans la ville.. et autour

L’histoire des villes montre qu’elle est intimement liée à la présence de l’eau, comme source de vie ou matière première.

 

Au cours du XIXe siècle, les problèmes de santé, d’insalubrité et les conditions de vie difficiles s’accumulent. La ville devient « mortifère ». Pour des raisons d’hygiénisme, la ville s’est aérée, des égouts ont été créés afin d’enfouir les réseaux d’eau. Le système du “tout à l’égout” est consacré par la loi du 10 juillet 1894.

 

Ces aménagements hygiéniques se sont affranchis de l’environnement, créant une rupture entre la nature et la culture, l’eau et ses usagers. Sabine Barles dans son ouvrage La Ville délétère (2000) témoigne du mouvement hygiéniste et de la construction de ce patrimoine complexe et coûteux liés aux réseaux d’eau.

 

Aujourd’hui, un changement de paradigme s’observe. Il n’est plus possible de tout enterrer, ni de laisser l’eau glisser sur des sols imperméables sans s’infiltrer. L’augmentation des rejets d’eaux usées est liée à l’explosion urbaine et la dégradation des milieux récepteurs. L’augmentation de l’imperméabilisation liée à l’urbanisation accroît et modifie les débits de pointe et l’augmentation de la vulnérabilité aux inondations.

 

Regarder les villes par le prisme de l’eau invite à repenser le littoral de demain en anticipant les aléas naturels littoraux (érosion côtière, submersion marine), à réfléchir à un aménagement stratégique du territoire, qui valorise les espaces naturels littoraux et rétro-littoraux (cordons dunaires, zones humides, etc.) afin de l’adapter aux effets du changement climatique et sécuriser le territoire sur le long terme.

 

Quand on pense l’eau en urbanisme, il s’agit aussi de garantir la satisfaction des besoins actuels et futurs en eau potable, de planifier l’aménagement du territoire au regard des disponibilités de la ressource. Le développement urbain doit tenir compte de la capacité des systèmes d’assainissement (réseaux et station de traitement des eaux usées) afin de garantir le respect des milieux naturels et du cadre de vie des habitants.

 

Quelques éléments de bonnes pratiques dans nos métiers : 

 

La renaturation des cours d’eau permet de rétablir le fonctionnement naturel des cours d’eau, redonner des espaces de débordements et courbes (méandres), en y adaptant l’aménagement du territoire. Cela permet de limiter les crues, sécuriser la population, améliorer la qualité de l’eau et augmenter les services rendus par le cours d’eau (autoépuration, alimentation des nappes, îlots de fraîcheur…). Le paysage et le cadre de vie s’en trouvent également améliorés.

 

Protéger et restaurer les zones humides sont des principes indispensables pour repenser leur place dans l’aménagement du territoire, en milieu rural comme urbain bénéficiant aux habitants : régulation thermique, réservoir de biodiversité, alimentation des nappes, espaces de débordement et de rétention d’eau permettant de limiter les conséquences des crues et des sécheresses. Cette attention portée cherche à repositionner le site par son approche géographique en se rapportant aux cartes anciennes.

 

La gestion des eaux pluviales dite “à la source” contribue à réduire le risque de déversement polluant dans les milieux naturels et le risque inondation. Végétaliser des espaces urbanisés offre également de nombreux co-bénéfices : ombrage, rafraîchissement, lutte contre les îlots de chaleur, biodiversité, qualité de l’air. 

 

Sécuriser le territoire grâce aux zones d’expansion de crues, c’est intégrer dans la planification territoriale la protection, la renaturation et la création de zones inondables afin de limiter les inondations des secteurs vulnérables plus en aval. 

 

Encourager des espaces agricoles résilients implique de maîtriser et réduire les pollutions à l’échelle des aires d’alimentation des captages. Il s’agit donc de veiller à un usage des sols compatible avec la qualité des eaux et encourager les pratiques agricoles vertueuses ainsi que la protection et le développement des haies, arbres et bosquets au sein des espaces agricoles, évitant notamment le ruissellement et l’érosion des sols.

 

Aujourd’hui comme hier, l’eau est partout et doit être pensée avec son temps.

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