De grandes et belles artères vertes pour mieux respirer en ville Il est urgent de changer nos pratiques urbaines

Les villes croulent sous le bitume et les voitures. Or tout un chacun sait que cela est mauvais pour la santé des habitants, et tout particulièrement pour les personnes les plus vulnérables qui sont soumises à un cocktail explosif de pollutions et risques (bruit, mauvaise qualité de l’air, inondations, canicules, etc.). Il est donc urgent de changer nos pratiques et d’aménager de vrais espaces de respiration, de nature et de santé dans les villes.

Il existe une solution si simple et évidente que nous ne la voyons pas.

Prenons un peu de recul sur la constitution et le fonctionnement des villes.

Elles ont initialement été façonnées par la nécessité des échanges,  mais aussi par l’art, l’urbanisme et l’architecture. Depuis les années 50-60, l’avènement de la ville-automobile a malheureusement redéfini complètement notre rapport à l’urbain, en faisant de la mobilité thermique le vecteur prioritaire de l’urbanisme. Les rues routières, les grandes artères congestionnées et les contournements routiers, avec un urbanisme de zonage calqué sur les déplacements automobiles, ont relégué la fonction première de la ville, les échanges, dans de tristes périphéries.

Ce modèle urbain montre aujourd’hui ses limites en termes de confort et de qualité de vie, de santé, de carbone et de biodiversité. Il faut donc inventer l’urbanisme de demain, bas carbone et résilient.

Sans forcément nous en rendre compte, nous avons sous nos yeux dans les villes beaucoup d’espaces publics qui peuvent porter les aspirations actuelles des citadins. Traçons de nouvelles vastes artères entièrement vertes dans les villes à la place d’avenues ou de grandes rues actuellement occupées majoritairement par les voitures. Redonnons cet espace à la santé, à l’échange et à la biodiversité. Nous parlons bien d’aller au-delà des reconversions partielles actuelles de départementales en voies urbaines ou de végétalisation de boulevards. Créons des parcs urbains d’ampleur, dédiés uniquement à la nature, aux piétons et aux cycles. Il y a suffisamment d’espaces publics dans les centres-villes pour partager les usages plus équitablement et laisser plus de place aux piétons.  Ces parcs naturels urbains, tracés sur des espaces publics suffisamment vastes pour produire les effets désirés offriront de nombreux bienfaits pour les habitants et usagers de la ville. Barcelone, avec le projet de transformation de l’Eixample, et Strasbourg, avec ses “rues vertes” participatives à l’image de celles de Montréal, ouvrent la voie vers les futures artères vertes.

La biodiversité et le paysage s’y trouveront renforcés, les corridors et les réservoirs de biodiversité reconnectées, et les sols et sous-sols des espaces publics désimperméabilisés permettront  une meilleure gestion de l’eau urbaine. Bonus, ces nouvelles artères vertes offriront la possiblité de constituer des strates végétales variées favorables à la faune et à la flore.

Ces artères vertes permettront également de réduire la part modale de l’automobile au profit des piétons, de limiter les axes de pollutions sonores, visuelles et de l’air, et de favoriser l’usage de la marche et du vélo, plus favorables à la santé dans des espaces qualitatifs.

Le renforcement d’espaces de fraîcheur en ville, de plus en plus indispensable, pourra trouver dans ces artères vertes des températures plus confortables, d’offrir des oasis urbaines aux habitants lors des fortes chaleurs et d’améliorer le confort de tous et toutes en été.

Enfin, ces artères vertes renforceront le vivre ensemble, clef de voûte de la ville, en offrant des espaces de paysage, de loisirs, de rencontres, et de respiration. Elles redonneront le sens de la lenteur, de la marche qui favorisent les échanges de qualité, et améliorent la santé des citoyens. Elles seront les laboratoires de la ville bas carbone qui reste à inventer dans ses usages quotidiens.

Alors, comment faire ces artères de vie urbaine ? C’est facile dans le contexte d’urgence qui caractérise le monde d’aujourd’hui. Sans réelles difficultés techniques majeures, il suffit de la clairvoyance et de l’ambition de quelques villes. Les professionnels convaincus existent et les citoyens sont déjà, pour la plupart, acquis à la cause de la nature en ville.

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