L’innovation dans le logement : des modèles anti-spéculatifs pour “libérer le logement”
En France, de plus en plus de personnes ont des difficultés à se loger. En cause, la hausse des prix de l’immobilier, qui induit des coûts de location disproportionnés par rapport aux revenus des ménages. Alors, comment “libérer le logement de la spéculation ?”
C’est la question que s’est posée le collectif Territoire Frugaux, avec la participation de la journaliste du Monde Isabelle Rey-Lefèbvre et de la Foncière citoyenne Communs, dont voici les principales conclusions. Le constat de Isabelle Rey-Lefèbvre c’est qu’avec un taux 3,7 fois supérieur à la croissance de la population depuis 1981, l’artificialisation n’a cessé d’augmenter ; la crise du logement n’est donc pas seulement due à un manque de logements, elle est aussi liée à un décrochage par rapport aux besoins démographiques. Au lieu d’opter pour la réutilisation de l’existant, nous continuons de construire, et ceci à un coût. Le prix des logements a ainsi fortement augmenté sous l’influence du marché, des taux des crédits, de la spéculation foncière, de l’accaparement des richesses… Le poids du loyer a quant à lui plus que doublé dans le budget des locataires.
Face à ce constat, Isabelle Rey-Lefèbvre a identifié trois modèles anti-spéculatifs qui ont en commun de dissocier le terrain et le bâti et de contrôler le prix de revente et d’associer les habitants :
- le Community Land Trust (CLT), importé des États-Unis : la propriété du terrain revient à la communauté tripartite (habitants, riverains, pouvoirs locaux). Les habitants possèdent donc une part au sein de l’épargne collective dédiée au terrain, qu’ils emportent avec eux lorsqu’ils quittent leur logement.
- l’Organisme Foncier Solidaire (OFS) et le Bail Réel Solidaire (BRS) créé par la loi ALUR (2014) : la propriété du terrain revient à l’OFS, qui est piloté par la collectivité dans la plupart des cas. Les habitants versent des redevances pour pouvoir l’occuper.
- les Coopératives Habitantes : la propriété du terrain revient à l’ensemble des membres de la coopérative, qui l’ont acheté grâce à une épargne collective. Elles sont adaptées à la composition des ménages et aux besoins des habitants et favorisent le lien social par le partage des espaces de vie. La Foncière Citoyenne Communs porte un nouveau modèle de coopérative en développement en France (https://www.communs.cc/).
En plus de rendre les logements plus accessibles, grâce à la mutualisation des moyens, ces solutions permettent de produire des logements de meilleure qualité et apportent des gains socio-écologiques.
Écologie Urbaine & Citoyenne s’intéresse de près à l’innovation dans le logement et accompagne notamment EpaMarne pour son atelier PSO 2023 sur les “Différentes formes d’accession à la propriété et au logement locatif”.
Equilibre, une coopérative d’habitation à Genève