Parce qu’il redéfinit l’usage des sols, impacte le cycle de l’eau et modifie les habitats, l’aménagement affecte la biodiversité. Les projets d’aménagement conduisent encore trop souvent à une artificialisation des sols qui concentrent pourtant une part non négligeable (mais ô combien négligée) du vivant. D’après l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), 80% de la perte de biodiversité végétale en France métropolitaine est due à un changement d’occupation des sols, un chiffre qui s’élève à 60% pour le règne animal. L’aménagement engendre également souvent une fragmentation des habitats naturels, facteur majeur de l’érosion de la biodiversité d’après l’Agence européenne pour l’environnement. À l’inverse, son rôle peut aussi être bénéfique grâce au développement d’espaces verts parfois plus favorables à la biodiversité que l’état initial du site. Dans tous les cas, et quelle que soit la sensibilité de l’aménageur et des autres parties prenantes, l’aménagement est un défi pour la biodiversité.
D’où la nécessité de mesurer cet impact, comme peuvent le faire certains indicateurs tels que le coefficient de biotope surfacique harmonisé (CBSh). Ce dernier attribue une valeur de qualité écologique à chaque type d’occupation des sols et évalue l’impact global d’un projet d’aménagement en pondérant chaque mode d’occupation des sols par ce coefficient et par la surface qu’il occupe.
Néanmoins, ces indicateurs tendent à négliger la connectivité pour se concentrer sur la qualité biologique d’une surface bien précise. La connectivité est indispensable à la vie végétale et animale. Il faut comprendre par là la possibilité pour les animaux de se déplacer et donc d’élargir leur terrain de chasse ou de cueillette, de rencontrer des partenaires et de fuir les prédateurs. Et pour les végétaux la possibilité de partager informations et nutriments entre eux, ce qui assure leur résilience aux perturbations (stresses climatiques, physiques ou pathologiques).
C’est pourquoi les aménageurs et les collectivités désireux de défendre la biodiversité ont tout intérêt à intégrer le respect des habitats naturels et des sols dès le programme et l’élaboration du plan guide. Pour ce faire, le Conseil International Biodiversité et Immobilier (Cibi) a développé en 2023 le label Biodivercity Ready, dernier né de la série Biodivercity. Ce label valorise la biodiversité à l’échelle du quartier qui intègre mieux les continuités et discontinuités écologiques. Il repose sur quatre étapes, de l’engagement de l’aménageur aux aménités pour les usagers en passant par le projet de l’urbaniste et l’évaluation écologique effectuée par un.e écologue.
Cette évaluation écologique, réalisée avec l’outil Biodi(V)strict, a le mérite de prendre en compte la connectivité entre les habitats naturels aux côtés de quatre autres indicateurs : la proportion d’espaces verts sur le projet, la perméabilité des sols, la diversité des habitats et la diversité des strates végétales. Biodi(V)strict, et plus largement le label Biodivercity Ready, permettent aux aménageurs publics ou privés de calculer et valoriser leurs engagements pour la qualité écologique de leurs projets, mais aussi de mettre en avant leur stratégie territoriale ou RSE, de respecter la réglementation en vigueur et d’obtenir l’adhésion des habitants (l’animation auprès des habitants s’intègre au label).
Les critères de connectivité pour la biodiversité méritent d’être mieux reconnus parmi les maîtres d’ouvrage (collectivités et aménageurs) pour améliorer la qualité des quartiers aménagés. En incluant la connectivité (parmi de nombreux autres critères), le Label Biodivercity Ready participe à cet objectif commun.