Depuis plusieurs années, les noues essaiment un peu partout et sont devenues des incontournables de l’aménagement. Chez Écologie Urbaine & Citoyenne, nous ne faisons pas exception. Comment, en effet, résister au charme de ces rigoles végétalisées qui abritent la biodiversité, apportent de la fraîcheur en ville, embellissent le paysage, et surtout contribuent à la gestion des eaux pluviales à la parcelle (tout en dépolluant l’eau de ruissellement) ?
Cependant, aménageurs, collectivités et AMO ne doivent pas se laisser griser : si de nombreuses formes de noues voient le jour, toutes ne se valent pas et ne poursuivent pas les mêmes objectifs. Afin d’y voir plus clair et de déterminer le succès réel des noues, Plante & Cité a mis au point une méthodologie de diagnostic écologique des noues sur laquelle nous nous sommes penché.
Mais, avant toute chose, qu’est-ce qu’une noue ?
Il s’agit d’une dépression artificielle et longiligne, végétalisée, appelée à réceptionner l’eau de pluie pour en faciliter l’infiltration et ainsi soulager les réseaux d’assainissement des eaux pluviales tout en remplissant les nappes phréatiques. Pour le reste, elles peuvent êtres plus ou moins larges, longues, profondes et pentues, elles peuvent être hors-sol ou en pleine terre, sur différents sols, gérées intensément ou non, etc. Mais leur point commun est d’être toujours pensées comme un dispositif anti-inondation.
C’est pourquoi la conception des noues est habituellement réfléchie davantage en termes de débit ou de capacité d’infiltration des sols que de biodiversité et de palette végétale.
Or, la qualité écologique des noues permet non seulement de garantir leur capacité de gestion des eaux pluviales (meilleure infiltration grâce à l’aération du sol par la faune sous-terrestre), mais en fait aussi des outils multifonctionnels favorisant la nature en ville, la séquestration des polluants et l’aménité paysagère. Pour faciliter la prise en compte du volet écologique dans la conception des noues, Plante & Cité a mis au point une méthodologie de diagnostic écologique reposant sur :
– L’entomofaune (insectes et autres arthropodes) terrestre : identification d’espèces et des espèces remarquables de biotopes spécifiques.
– La faune du sol : abondance et identification de la macrofaune épigée (de surface) et des lombrics.
– La diversité floristique : identification de la flore en présence, biotope préférentiel pour chaque espèce observée, rôle écologique.
L’inventaire croisé de ces trois groupes permet de recenser la diversité des milieux et la valeur écologique du site. Ainsi, cette méthode évalue le rôle écologique de la noue. L’application de ce diagnostic écologique à neuf noues réparties du nord au sud de la France a permis une première analyse des pratiques favorables à l’accomplissement du rôle écologique des noues dont nous partageons ici quelques enseignements.
Par exemple, on se rend compte qu’il est essentiel de soigner la palette végétale dès la phase de conception et surtout, de préparer une diversité de milieux. Les sols enrichis en galets, limoneux ou argileux sont moins favorables et les noues doivent y être adaptées.
Côté acteurs, l’association des services gestionnaires dès la phase conception garantit une meilleure gestion des noues. À cet égard, la fauche doit être aussi tardive que possible et ne doit pas être pratiquée plus d’une fois par an.
Côté habitants et usagers, il est primordial de communiquer sur ces objets paysagers afin d’éviter par exemple que quelques motivés voient l’opportunité de planter des rosiers dans ces “trous pour végétaux” mis à disposition sur l’espace public (histoire vraie…).
Chez Écologie Urbaine & Citoyenne, nous intégrons donc cette approche écosystémique des noues dès la conception des projets urbains.
Selon nous, les noues sont bien plus que de simples aménagements et peuvent permettre d’aborder les différents enjeux de la transition écologique (adaptation, gestion des eaux pluviales, biodiversité, démocratie locale…) avec les différents acteurs de la ville, depuis les élus, jusqu’aux services techniques en passant bien sûr par les habitants et concepteurs !



